vendredi 22 mars 2013

Poudre, oxygénation sanguine et vitamine D




Bonjour à tous,

Ce titre un peu provocateur, je le concède, n’est  pas un nouveau programme de dopage mis à jour dans le cyclisme. C’est le programme de la semaine à venir de Bikellissima.

A l’heure où les classiques flandriennes commencent alors que l’hiver semble avoir décidé de continuer  à sévir, Bikellissima va voir à l’est si le temps est meilleur. Au passage, je salue la performance d’un de mes coureurs favoris, Fabian Cancellara qui a remporté vendredi E3 Harelbeke à l’issue d’une échappée solitaire de plus de 30 km.

Pas d’entrainement cycliste en vue cette semaine mais un grand bol d’air frais. Bikellissima sera dans le Sud -Tirol et plus exactement à Sölden. Sur place, elle fera le plein de soleil et donc de vitamine D, un composant essentiel de notre organisme, qui garantit protection contre les crampes et défaillances osseuses.

Au programme de chaque journée, poudre, poudre et encore poudre. Mon terrain d’entrainement de la semaine sera la poudreuse immaculée des hauts sommets autrichiens. Ce sera aussi l’occasion d’oxygéner mon sang et de faire le plein de globules rouges pour reprendre l’entrainement cycliste avec un petit dopage naturel mais très éphémère récupéré à une altitude située entre 2500 et 3200 mètres.
C’est certes une coupure un peu tardive mais mes jambes ne seront pas au repos absolu pour autant. Si je suis à l’aise sur deux roues, je ne le suis pas du tout sur deux spatules, c’est donc à snowboard que évoluerai. Surfer est un excellent exercice cardiovasculaire et musculaire très relaxant et qui me permet également de ne pas oublier les femmes dans le sport. En snowboard au moins autant qu’en cyclisme, la gente féminine est sous-représentée mais les demoiselles qui surfent sont en général toujours très bien accueillies.

Je troque cette semaine mon vélo contre une planche.

Je quitte donc temporairement le Luxembourg et le cyclisme mais avec la satisfaction de voir qu’un nombre grandissant de femmes se mettent en avant dans le cyclisme. L’occasion de saluer la Grande-Bretagne, un pays où les femmes à vélo ont toujours eu leur place. Alors que de plus en plus de Grands Tours cyclistes féminins disparaissent ou sont menacés, le pays va accueillir en 2014 un premier grand tour féminin cycliste. SweetSpot, l’organisateur du tour masculin de Grande-Bretagne va ainsi lancer probablement au printemps 2014 un tour de 5 jours pour les femmes. Les plus grandes équipes UCI féminines ont déjà annoncé leur venue et les sponsors sont enthousiastes. En voilà une vraie bonne nouvelle !

Si les cimes autrichiennes incitent plus à la méditation qu’à la digitalisation, je vous annonce désormais que les aventures de Bikellissima peuvent aussi être suivies sur Twitter ou de petites informations devraient satisfaire -du moins partiellement- ceux qui sont habitués à de plus grandes histoires sur le blog. Vous pouvez ainsi suivre @Bikellissima sur Twitter.

Le retour des aventures cyclistes de Bikellissima aura lieu autour du lundi de Pâques. Avant de revenir au Luxembourg et dans l’optique de participer à un Liège-Bastogne-Liège version courte qui approche, je ferai un détour dans ma Bourgogne natale pour un entraînement, cette fois je l’espère dans de vraies conditions printanières.

Je vous souhaite à tous d’excellentes fêtes de Pâques.

N’abusez pas trop des chocolats, votre vélo vous le ferait payer en ce début de saison. 

dimanche 17 mars 2013

La Primavera n’est pas là mais la reine de la montagne c’est moi…


Amis cyclistes bonjour,

Dur dur de se motiver quand l’hiver a décidé de faire de la résistance. Seule consolation pour moi, ce retour en force du froid et de la neige n’est pas une spécificité luxembourgeoise. La preuve, la très célèbre Primavera, Milan-San Remo, s’est transformée aujourd’hui en trek hivernal du Grand-Nord, les pros ont apparemment souffert énormément et pour terminer il fallait être un « héros » dixit Fabian Cancellara.

La neige est revenue cette semaine au Luxembourg et le froid aussi (-10° en milieu de semaine), difficile dans ses conditions de  trouver la force d’aller rouler dehors. Pourtant samedi, si le froid persistait, le vent est tombé et le soleil a pointé son nez, il était donc temps de faire la première grande sortie de l’année pour commencer enfin une vraie préparation en vue de l’Etape du Tour.

Si les paysages luxembourgeois de la vallée des Sept châteaux, sous la neige et baignée de soleil, n’ont rien à envier à certains paysages pré-alpins, il fallait toutefois trouver un but, une motivation pour ne pas se trouver des excuses pour abandonner au bout de 40 kilomètres.

Rouler avec ce retour de l'hiver requiert un équipement complet avec gants de ski compris.


Sur les conseils de mes amis cyclistes qui ne jurent désormais plus que par cet outil, je me suis donc inscrite sur Strava.

Strava, késako ?
Cette une petite application, qui installée sur votre smartphone embarquée dans votre dos, vous permet de suivre votre sortie du jour, ave temps, dénivelé et bien d’autres détails sympathiques. Mais là où la motivation s’accroît c’est qu’à l’image de Twitter vous pouvez être suivi et suivre d’autres cyclistes qui empruntent les mêmes trajets que vous.

En résumé, Strava, c’est une manière moderne de se provoquer en duel, de sortir la cuisse pour en découdre avec des adversaires qui ne sont pas là sur le moment mais qui se sont frottés à la même difficulté que vous.

Je n’ai pas utilisé Strava hier dans l’optique de montrer au monde mes performances :  j’ai bouclé un peu plus de 70 km à une moyenne faible tournant autour de 20 km mais avec plus de 950 mètres de dénivelé et par zéro degré. Il s’agissait surtout pour moi de me motiver mais aussi de pouvoir mesurer à l’avenir l’état de ma progression car ce parcours sera amené à devenir un classique de ma préparation.

Le premier test sera d’ailleurs pour avril avec la version 80 kilomètres de Liège-Bastogne-Liège.

Pourtant, je me suis moi aussi prise au jeu des classements virtuels de Strava. En analysant mes statistiques au retour, mon compagnon de route m’a crié, quelque peu énervé : « Quoi tu es déjà QOM, moi depuis que je l’utilise, je n’ai pas encore réussi à l’être. »


Flottement, interrogations puis explications : KOM chez les Hommes signifie King of the Mountain et chez les femmes (oui, oui Strava fait deux classements différents en plus du général) QOM signifie Queen of the Mountain.

L’application établit en effet des classements sur des segments montagneux ou escarpés.

Et oui, je suis Queen of the mountain, simplement, vous l’aurez compris, parce que je suis la seule femme à avoir entrepris d’escalader ces difficultés, munie de Strava.

D’autres femmes, je l’espère en tout cas même si je ne les ai jamais croisées, les pratiquent sans doute aussi. Mais, et c’est très féminin il faut l’avouer, à part celles dont les performances sont impressionnantes, peu sans doute osent les afficher aux yeux de tous.

Même si Strava peut paraître à première vue être un instrument taillé pour frotter sa cuisse à celle des autres, je trouve qu’il s’agit aussi d’un excellent outil pour se mesurer à soi-même. Que vous ayez des suiveurs ou que vous suiviez quelqu’un est sans doute un plus mais n’est pas l’essentiel. J’avoue cependant que c’est stimulant.

La preuve, ma plus grande satisfaction d’hier n’est pas d’être devenue une « Qom » mais d’avoir terminé ma sortie et aussi, je l’avoue, au classement général d’un segment, de ne pas avoir terminé dernière et d’avoir réussi à faire mieux que certains utilisateurs masculins.

D’une manière générale, faut-il en déduire que les femmes sont plus modestes que les hommes ?

Selon moi, il ne s’agit pas de modestie, il s’agit de timidité ou de peur du « quand dira-ton », ce qui est bien dommage. Nous avons, nous aussi le droit de nous mesurer aux autres juste pour le fun et pas forcément pour la performance et de ce point de vue, je trouve l’outil très ludique.

Rouler, n’est-ce pas d’ailleurs un jeu avant tout ?

Il est toutefois grand temps que le printemps s’installe définitivement pour que la simple idée d’aller respirer un air frais du matin aromatisé à l’odeur de fleurs en phase d’éclore et d’entendre la nature se réveiller soit une motivation en soi.

Bikellissima vous souhaite une bonne semaine et n’oubliez pas : n’ayez jamais honte de vos performances à vélo aussi modestes soient elles, tout le monde a commencé un jour ou l’autre.

samedi 9 mars 2013

Des femmes, des muscles et des préjugés


Bonjour à toutes et à tous,

La journée de la femme, oui je sais c’était vendredi mais que voulez vous, être une femme en 2013, c’est aussi savoir jongler entre une multitude de tâches. A trop vouloir en faire, on s’oublie parfois un peu soi-même. L’événement, j’ai dû y réfléchir pour mon métier et j’avoue avoir eu peu de temps pour y penser pour moi-même. Mais partons du principe que cela devrait être tous les jours la journée de la femme pour évoquer ici rapidement le sujet, en rapport avec le sport comme toujours.
Qu’est-ce que m’évoque la journée de la femme ? A priori j’ai envie de dire que c’est comme tout autre journée internationale : je ne vois vraiment pas pourquoi il faut penser à la cause de la femme l’espace seulement de 24 heures ou se préoccuper de la lutte contre le sida pendant une seule journée.
Mais ces journées ont au moins le mérite de médiatiser des causes ou des symboles, trop facilement laissés de côté car tenus pour acquis.
Pour ce qui est de la journée de la femme, je ne renie pas son utilité : dans le monde entier, l’égalité de traitement entre hommes et femmes est loin d’être acquise. Mais dans nos contrées occidentales, il est trop facile de penser (et j’étais la première avant d’enfourcher un vélo et de subir quelques regards et réflexions mal placés) que l’égalité est acquise. Or beaucoup de mauvais réflexes sont encore bien présents.

Durant la semaine qui vient de s’écouler, le journal sportif français l’Equipe a consacré chaque jour une rubrique aux femmes dans le sport. J’ai notamment lu avec intérêt le témoignage d’une des joueuses du XV de France féminin, qui brille beaucoup plus d’ailleurs actuellement que le Quinze masculin dans le tournoi des Six Nations (PS : pour les non initiés, il s’agit ici de rugby). La joueuse évoquait la difficulté de pratiquer le haut niveau sans avoir le statut et la reconnaissance des sportifs professionnels.
Mais la beauté de l’histoire s’arrête ici : un de ces chers messieurs, bien caché derrière son pseudo et son écran, n’a rien trouvé de mieux que de mettre en commentaire en bas de l’article que le rugby féminin cela ne devrait même pas exister, que d’une façon générale le sport collectif féminin n’a aucun intérêt et que pour finir les femmes et le sport même sur le plan individuel, et bien ce n’est vraiment pas ça !
J’ai été tellement abasourdie de lire quelque chose comme cela au XXIème siècle en France et sur le site d’un grand journal que très honnêtement je ne sais pas quoi répondre. Il vaut peut-être mieux justement penser que certaines personnes frustrées trouvent aujourd’hui très commode de déverser anonymement mais publiquement tout de même leur débilité. Liberté d’expression ou discrimination publique, je vous laisse trancher…


Si ce monsieur n’aime pas les femmes qui font du sport c’est sans doute parce qu’elles ne lui renvoient pas une image du corps féminin apte à déclencher chez lui le fantasme. Si avoir une jolie plastique en sport ne gâche rien et, ne nous leurrons pas, aide à trouver des sponsors, l’aspect du physique est bien au coeur du débat mais pas de la façon dont ce monsieur a pu le croire.
Oui le  physique est au  coeur du sport mais parce qu’une femme ou un homme qui pratique un sport le modèle de façon à être efficace et performant dans une discipline en particulier. Au delà de la pure logique d’efficacité, une patineuse artistique peut sembler plus harmonieuse qu’une haltérophile mais c’est une question de point de vue.
On pourrait aussi trouver à l’inverse qu’un rugbyman ou footballeur est plus agréable à regarder qu’un cycliste sur piste aux cuisses surdimensionnées. C’est aussi une question de point de vue mais rarement évoquée, on évalue en général d’abord la performance chez un sportif masculin avant de juger sa plastique, exception faite peut-être des yeux de Camille Lacourt.  
Le fond du problème se situe ici : associer la performance au corps féminin reste encore tabou dans nos sociétés. De ce fait, les femmes sont condamnées à ajouter un peu d’esthétique à l’affaire pour apporter un côté glamour nécessaire à la médiatisation mais aussi et surtout d’abord parce que la société aura toujours le soupçon qu’elles sont plus « garçon manqué » que « vraies » femmes si elles pratiquent un sport de haut niveau.

Mieux vaut s'aérer la tête que ruminer les imbécilités de certains...

Qu’il s’agisse des courses, des prix et primes ou de la médiatisation, femmes et hommes sont encore loin d’être jugés sur un pied d’égalité dans le cyclisme. A son petit niveau, Bikellissima tente donc de faire avancer la cause féminine en vélo et au lieu de ruminer en pensant aux commentaires stupides que certains n’ont aucun scrupule à mettre sur internet, j’ai préféré profiter ce samedi de la douceur printanière revenue pour commencer vraiment mon entrainement.
Rien de très exceptionnel, une cinquantaine de kilomètres et environ 500 mètres de dénivelé mais suffisamment pour décrasser la machine et me donner envie d’atteindre mon lointain objectif de juillet, l’Etape du Tour. La route est encore longue mais en tout cas aujourd’hui, sur ma fière monture, le visage au vent avec la nature qui s’éveille, j’ai ressenti cet incroyable sentiment de liberté qui m’a fait me mettre au vélo il y a près de deux ans. Le sport, c’est aussi cela : mieux ressentir son corps pour se sentir plus libre dans sa tête et ce sentiment personne ne l’enlèvera à celles mais aussi à ceux qui trouvent dans le cyclisme et le sport en général le moyen de s’échapper d’un quotidien parfois hostile.

Bonus cycliste : Si en cyclisme, raison biologique oblige, hommes et femmes ne seront jamais à égalité au niveau des performances, ils sont égaux face aux éléments et méritent donc l’égalité de traitement. La preuve, en cyclisme, les hommes s’imposent la même contrainte que des millions de femmes : ils s’épilent !

Bikellissima vous embrasse tout de rose vêtue et vous dit à très vite !