vendredi 21 février 2014

Pourquoi les cyclistes doivent absolument regarder les JO de Sochi jusqu'au bout!


Vous aussi vous avez remarqué les petits bourgeons sur les arbres, les oiseaux qui chantent de nouveau, une luminosité plus franche et le pollen qui vous pique le nez lorsque vous roulez, depuis quelques semaines? Il semblerait que le printemps soit imminent et la perspective du début de la saison des classiques vous donne des ailes!
Toutefois, méfiance, l’hiver n’a pas dit son dernier mot à en juger par l'épidémie de grippe qui sévit et par les quantités astronomiques de neige qui sont tombées ces derniers jours au JO de Sochi et peut-être aussi près de chez vous.  

D’ailleurs, êtes vous si pressé que cela de voir arriver le printemps : le retour de la belle saison signifie  logiquement que vous avez profité à fond de l’hiver pour travailler vos fondamentaux à vélo. Mais où en êtes vous réellement, avez-vous fait le point aujourd’hui ?

Pour Bikellissima, le challenge était simple à comprendre mais le défi dur à relever. Après avoir passé une première saison avec pour unique objectif de finir les courses, on peut dire que j’ai réussi à acquérir l’endurance nécessaire à franchir la ligne d’arrivée. Mais, j’ai pu constater (on ne peut pas tout travailler d’un coup lorsqu’on part de zéro) que je manquais sérieusement de force, de vélocité, bref de coffre pour m’accrocher sur le plat, suivre des pelotons ou passer des bosses sans me fatiguer avant d'arriver sur mon terrain de jeu préféré, la montagne ou les terrains très accidentés.

Lorsqu'on désire travailler ses fondamentaux  pour le vélo,  j’ai découvert au fil de lectures de magazines et autres ouvrages spécialisés que deux école s’affrontent : celle qui prône un passage obligatoire en salle de musculation et l’autre qui refuse à tout prix de partager un banc de musculation avec les adeptes de la gonflette et milite donc pour la musculation spécifique sur le  vélo, sur la route ou sur home trainer.
En la matière, j’avoue ne pas avoir de religion, même si je n’ai jamais été fan des salles de fitness.

J’ai donc prix rendez-vous dans une salle de musculation avec un coach que l'on m'a certifié être qualifié pour adapter ses programmes d’entrainement à tous les sports. En  voyant arrivé la «bête» car honnêtement aucun autre mot ne me vient à l’esprit, j'ai pris peur. Hulk  déchire son T-shirt à chaque transformation, mon coach d’une heure, lui, est transformé en permanence et ne trouve visiblement pas de T-shirt à  sa taille.
Je lui explique ce que je veux mais je me suis très vite rendue compte qu’il voulait surtout suivre son programme, ne désirant pas vraiment m’aider à utiliser seule les machines correctement (et oui, un simple abonnement pour avoir accès aux  machines est bien moins lucratif que des séances de coaching privé) et surtout, moi qui ai des muscles très capricieux, qui méritent d’être traités avec beaucoup d’égard et de douceur, j’ai senti que les exercices qu’ils voulait me faire faire, tiraient d'une manière pas très catholique sur les muscles et ligaments.  Je ressors perplexe de l’expérience mais souhaite me laisser le temps de la réflexion. Dans le vestiaire,  une jeune femme me demande si je suis nouvelle et me raconte que la semaine dernière, lors d’une séance, elle a ressenti une douleur mais a décidé de revenir aujourd'hui, le coach lui ayant certifié qu’il faut avoir mal pour que cela fasse effet. Or, la douleur de cette personne qui souhaitait  se remettre au sport avec des cours en salle encadrés,  est visiblement plus l’expression d’une vraie souffrance musculaire qu’une courbature qui traine.

Il n’en faut pas plus pour me décider : je ne me musclerai pas en salle.
Il me reste alors l’option de la musculation sur le vélo qui présente l’avantage indéniable de vraiment travailler les groupes utiles pour la pratique du cyclisme sans risquer donc une  hypertrophie d’un groupe inutile pour pédaler. PMA, force, vélocité, dehors, à l’extérieur, à différentes allures, je ne fais que cela depuis plusieurs mois et vous en dirai plus dans un prochain post mais j'avais toutefois la sensation jusque là que cela restait insuffisant et la lassitude me gagnait à force de faire le hamster, seule dans une cave, où les araignées sont les seules témoins de mes efforts qui, je l'espère,  seront payants.

Musculation en salle, sur selle, et si il existait une troisième voie et si je me concoctais un programme sur mesure?

Outre le cyclisme, Bikellissima partage sa semaine entre son très prenant métier de journaliste et toute une série d’activités qui lui permettent de garder son dos et sa tête en bonne santé et pour être au top une fois sur deux roues : natation et yoga sont donc à l'agenda hebdomadaire. Et quand le temps le permet, patin à glaces, nordic walking et surtout snowbaord viennent s’ajouter au programme.

Si on analyse un peu les différents groupes musculaires que font travailler ces sports, il paraît de suite évident que l’on peut retirer d’exercices spécifiques réalisés dans ces activités des bienfaits musculaires pour le cyclisme. Oui, je fais cette fois définitivement partie de ceux qui pensent que l’hiver, le vélo doit être laissé un peu de côté au profit d ‘autres activités bonnes pour s'aérer la tête et entrainer le corps autrement.

Puisque l’hiver est loin d’être terminé et que j’imagine  que vous êtes nombreux à vous extasier devant les JO d’hiver, j’ai chois de vous expliquer pourquoi les cyclistes doivent absolument regarder Sochi jusqu'au bout,  votre programme d’entrainement n'en sera qu'amélioré.

Je pratique pour ma part le snowboard et suis fanatique des sports extrêmes de neige.

Contrairement à l’incroyable état d'esprit décontracté que tentent de véhiculer les pratiquants de sports extrêmes, je peux vous assurer qu’ils ‘agit d’athlètes de haut niveau hyper entrainés et qui ne lésinent pas sur la préparation, la musculation . C’est donc pour moi  un réel plaisir de voir ces athlètes être un peu plus médiatisés pendant les JO car tous ceux qui taquinent à leur petit niveau les bosses,  modules et la poudreuse vous diront à quel point ces sports requièrent une forme physique optimale. Et puis, saluons le fait qu'ils sont cette année les principaux pourvoyeurs de médailles françaises aux JO et ceci n'arrive pas par hasard!

J’ai toujours considéré le snowboard comme un bon complément au vélo et je me tiens régulièrement au courant des dernières avancées dans ce sport. Je  me suis récemment intéressée à un couple autrichien formidable de snowboarders qui sont Bibi et Mitch Tölderer. En tant que freeriders professionnels, ils passent leur temps à rider sur des pentes vierges de toute trace dans les massifs montagneux du monde entier. Ils ont ainsi développé une forme physique incroyable pour s'adapter à l'exigence de leur sport et à trente ans bien passé, ils n'ont rien à envier à des athlètes qui ont quinze ans de moins qu'eux!

Au travers de leur chaine sur YouTube Functional Sports tarining, ils proposent de réalisertoute une série d’exercices de musculation, qui sont faciles à reproduire à domicile à l'aide de petits accessoires peu onéreux que sont un ballon de gym ou de petits haltères. Vous pourrez faire des demi-squats à votre rythme  ou faire des séries d’abdominaux absolument abominables. Personnellement, avec le yoga, j’ai développé une certaine endurance à la douleur lors d'exercices de gainage et pourtant, je peux vous dire que ceux-ci sont absolument terribles.

Voici trois vidéos réalisées par ces deux snowboarders pros. Vous pouvez largement vous inspirer des exercices proposés pour vous concocter un programme sur mesure pour le vélo car les groupes musculaires travaillés comptent aussi beaucoup en cyclisme.
 
 

Entre exercices spécifiques sur le home trainer, musculation en  vélo,  en snowboard et exercices de yoga, j’ai composé moi-même un plan de musculation,  qui a l'avantage de me plaire, de me faire progresser et ce tout en respectant mes limites musculaires et donc sans jamais tomber dans la zone où douleur du travail se confond avec souffrance musculaire, articulaire et ligamentaire.  Nous verrons bien d’ici quelques semaines avec la reprise de la  saison cycliste si ma stratégie est la bonne. Elle m'a au moins permis de couper avec une certaine monotonie hivernale.

Chacun de notre côté,nous pratiquons tous des activités dont nous ne soupçonnons pas toujours le potentiel pour accroître notre force musculaire. Prenez le temps d’y réfléchir, lisez des magazines cyclistes qui donnent des conseils spécifiques, faites-vous conseiller par un coach compétent si vous en ressentez le besoin mais surtout gardez bien à l’esprit que ce qui est valable pour certains ne l’est pas forcément pour vous. Vous avez des forces indéniables mais sans doute aussi comme chacun des faiblesses physiques qui ne seront pas prises en compte par un programme trop généraliste. Il n’est pas toujours nécessaire de dépenser des fortune en salle de  fitness pour arriver à vos fins.  Un peu de créativité, un conseil pris pourquoi pas auprès de votre médecin ou kinésithérapeute et la volonté de vous lever plus tôt le matin ou de vous coucher plus tard pour ajouter 30 minutes d’exercices à votre routine quotidienne feront peut-être la différence en début de saison.

Alors que vous soyez plutôt ski de fond, patinage,  ski alpin, freestyle ou snowboard, regardez Sochi d ‘un autre œil, vous pourriez en retirer de bonnes idées pour finir l’hiver en beauté.

Quand à ceux qui ne souhaitent pas s'embarrasser avec la musculation, jugeant l'endurance suffisante pour rouler durant l'année, laissez-moi vous raconter cette petite anecdote.
Dans le cadre de mon métier de journaliste, j'ai réalisé il y a quelques années un reportage sur le bien vieillir tant sur le plan intellectuel que physique. A la fin de mon interview, je demande à un gériatre renommé au Luxembourg : "S'il n'y avait qu'un conseil à donner pour bien vieillir, lequel donneriez-vous?".
A ma plus grande surprise, il m'a répondu : "Musclez-vous!".

Il m'a en effet expliqué que pratiquer un sport d'endurance qui fait travailler le système cardiovasculaire ne suffit pas pour bien vieillir. En prenant de l'âge, nous perdons de la masse musculaire or celle-ci est indispensable pour protéger notre squelette et rester mobile le plus longtemps possible. Selon lui, on médiatise suffisamment en général le fait de faire du sport pour les séniors mais pas assez le fait qu'il est nécessaire de faire de la musculation à son rythme et ce également lorsqu'on est encore un adulte jeune et bien portant pour se protéger lors de nos plus vieilles années.  
Voilà, vous n'avez plus d'excuse maintenant pour ne plus faire vos pompes ou squats!

lundi 3 février 2014

Et toi pour qui tu roules? Bikellissima reloaded


 
Peut-on ignorer impunément la volonté de 100 000 personnes ? Certains, comme Christian Prudhomme, l’ont cru mais fort heureusement ils se sont trompés !
En 2013, quelques grands noms du peloton cycliste professionnel  féminin comme Marianne Vos ou Emma Pooley ont lancé une pétition afin de permettre aux femmes d’avoir le droit elles aussi de participer au Tour de France.
Leur initiative a été largement critiquée, moquée, dénigrée et même récupérée contre elles.
La plupart des médias qui, il faut bien l’avouer, ne s’intéressent pas au cyclisme féminin, ont fait courir le bruit que les femmes voulaient courir en même temps  t dans le même peloton que les hommes sur le Tour de France.
Messieurs et Mesdames aussi d’ailleurs- c’est de mon point de vue encore plus grave-, il n’en a jamais été question. A l’heure où le peloton féminin se professionnalise de plus en plus, les pros féminines déplorent depuis quelques années la disparition de grandes épreuves du circuit international, faute de moyens. Elles réclament donc plus de médiatisation au travers d’un  évènement cycliste mondialement reconnu.  Quoi de mieux alors que de pouvoir avoir la chance de participer au Tour de France, de profiter de la logistique de l’épreuve sportive la plus regardée au monde, pour faire chaque jour, quelques heures avant ces messieurs, un tracé semblable à celui des hommes pour enfin permettre au cyclisme féminin d’être dans la lumière ?Marianne Voos, qui a tout gagné dans sa pourtant jeune carrière, déclarait que son rêve ultime serait de faire un tour de France, un vrai…
Cette initiative, largement détournée de son but, a donc été décriée, Christian Prudhomme interrogée par des journalistes britanniques (sans doute l’endroit au monde où les femmes cyclistes sont les mieux considérées par rapport à leurs homologues masculins) durant le Tour, a ri puis  (de par son refus de s’exprimer sur le sujet-  a carrément insulté ces grandes dames du cyclisme.  
Oui mais voilà, la solidarité fait la force et sur le net, elle peut prendre une ampleur qu’il devient difficile d’ignorer.
La pétition lancée par les championnes a largement  été relayée sur le web et sur Twitter, la communauté cycliste féminine mais aussi masculine  (quelques grands champions comme Jens Voigt ont apporté leur soutien) lui donnant un écho incroyable. Coureurs professionnels, amateurs, simples amoureux de la petite reine se sont finalement associés à cette pétition et c’est toute la tweetosphère qui ne parlait plus que de cela. Ajoutez-y quelques hommes de l’ombre qui soutiennent largement mais discrètement le cyclisme féminin tel que Sir Bradley Wiggins et vous obtenez un mouvement qu’il devient difficile d’ignorer.
Un autre évènement a très certainement joué en la faveur des femmes, l’élection du britannique Brian Cookson à la tête de l’UCI, qui avait inscrit dans son programme de campane comme une priorité le fait de permettre aux femmes cyclistes pros de gagner en visibilité et surtout en reconnaissance.  
 
La pression était sans doute devenue trop forte pour les organisateurs du Tour de France, qui ont choisi le week-end dernier, le premier instauré en France comme étant dédié à la promotion du sport féminin, pour annoncer qu’en juillet  prochain, les femmes du peloton professionnel auront le droit, quelques heures  avant ces messieurs, de faire elles aussi  leurs sprints sur les Champs- Elysées (l’histoire  ne  dit pas si les primes seront les mêmes…) .
C’est une course d’un jour certes mais regardons plutôt la bouteille à moitié pleine, c’est un  bon début. Tout le monde devrait y gagner y compris ASO qui va découvrir que les femmes aussi aiment regarder le cyclisme et qu’il y a là aussi une cible marketing à exploiter !
 
Et surtout cela prouve une chose, que ce soit au travers de Bikellissima ou au travers d’autres initiatives qui ont plus d’envergure, cela vaut la peine de continuer à se battre pour la promotion  du cyclisme féminin, car toutes nos actions mises en commun peuvent avoir de grands effets !
 

Oui la solidarité fait la force, l’année dernière également, la cycliste professionnelle américaine et journaliste pour ESPN,  Kathryn Bertine a décidé de réaliser un documentaire sur les femmes cyclistes professionnelles pour montrer tout le chemin qu’il faut encore parcourir pour leur donner les mêmes droits que le peloton masculin. Le film, intitulé Half the Road, avait besoin de financement et une souscription a  été lancée sur le net. Grâce, une fois de plus au partage de l’évènement sur le web (aucun  film du genre n’a jamais été réalisé), la communauté cycliste s’est mobilisée. Le film a obtenu assez d’argent pour être distribué, a désormais un producteur et a  été présenté ce dimanche soir en première mondiale aux Etats-Unis. Il sera également présenté le 6 avril prochain au festival du film d’aventure de Sheffield au Royaume-Uni , avant d’être disponible en DVD.
 
Les choses avancent, les choses changent et à chaque fois qu’une nouvelle de ce genre arrive cela me donne envie de remonter encore un peu plus sur le vélo malgré le froid pour montrer que je suis fière d’être une femme qui roule.
Malheureusement, la plupart du temps, ces avancées se passent plus du côté de la sphère anglophone et leur couverture est minime sinon inexistante dans la communauté francophone, c’est pourquoi Bikellissima a un rôle à jouer pour faire connaître ces initiatives et espère par ailleurs que l’évènement sur les Champs-Elysées incitera plus les francophones à parler de cyclisme féminin !
En mode reloaded, Bikellissima renait donc ce jour avec une pêche d’enfer car motivée par ces avancées. Cette année, des défis certes, une envie de performer qui me prend de l’intérieur ainsi que le désir de  partager avec vous non seulement les entrainements, mais mes coups de cœur dans la communauté cycliste internationale (féminine ou masculine d’ailleurs).  Je vous  promets aussi de vous donner quelques-uns de mes petits trucs que j’ai pu expérimenter et ce toujours dans la bonne humeur !
 
Ladies and gentlemen, je déclare officiellement ouverte la saison 2014 de Bikellissima !

Quelques liens :
http://halftheroad.com/
http://www.letour.fr/le-tour/2014/fr/avant-course/actus/ahc/la-course-by-le-tour-de-france-en-mode-feminin-majeur.html