Bonjour à toutes et à tous,
La journée de la femme, oui je sais c’était vendredi mais
que voulez vous, être une femme en 2013, c’est aussi savoir jongler entre une
multitude de tâches. A trop vouloir en faire, on s’oublie parfois un peu
soi-même. L’événement, j’ai dû y réfléchir pour mon métier et j’avoue avoir eu
peu de temps pour y penser pour moi-même. Mais partons du principe que cela
devrait être tous les jours la journée de la femme pour évoquer ici rapidement
le sujet, en rapport avec le sport comme toujours.
Qu’est-ce que m’évoque la journée de la femme ? A priori
j’ai envie de dire que c’est comme tout autre journée internationale : je
ne vois vraiment pas pourquoi il faut penser à la cause de la femme l’espace
seulement de 24 heures ou se préoccuper de la lutte contre le sida pendant une
seule journée.
Mais ces journées ont au moins le mérite de médiatiser des
causes ou des symboles, trop facilement laissés de côté car tenus pour acquis.
Pour ce qui est de la journée de la femme, je ne renie pas
son utilité : dans le monde entier, l’égalité de traitement entre hommes
et femmes est loin d’être acquise. Mais dans nos contrées occidentales, il est
trop facile de penser (et j’étais la première avant d’enfourcher un vélo et de
subir quelques regards et réflexions mal placés) que l’égalité est acquise. Or
beaucoup de mauvais réflexes sont encore bien présents.
Durant la semaine qui vient de s’écouler, le journal sportif
français l’Equipe a consacré chaque jour une rubrique aux femmes dans le sport.
J’ai notamment lu avec intérêt le témoignage d’une des joueuses du XV de France féminin,
qui brille beaucoup plus d’ailleurs actuellement que le Quinze masculin dans le
tournoi des Six Nations (PS : pour les non initiés, il s’agit ici de
rugby). La joueuse évoquait la difficulté de pratiquer le haut niveau sans
avoir le statut et la reconnaissance des sportifs professionnels.
Mais la beauté de l’histoire s’arrête ici : un de ces
chers messieurs, bien caché derrière son pseudo et son écran, n’a rien trouvé
de mieux que de mettre en commentaire en bas de l’article que le rugby féminin
cela ne devrait même pas exister, que d’une façon générale le sport collectif
féminin n’a aucun intérêt et que pour finir les femmes et le sport même sur le
plan individuel, et bien ce n’est vraiment pas ça !
J’ai été tellement abasourdie de lire quelque chose comme
cela au XXIème siècle en France et sur le site d’un grand journal que très
honnêtement je ne sais pas quoi répondre. Il vaut peut-être mieux justement
penser que certaines personnes frustrées trouvent aujourd’hui très commode de
déverser anonymement mais publiquement tout de même leur débilité. Liberté
d’expression ou discrimination publique, je vous laisse trancher…
Si ce monsieur n’aime pas les femmes qui font du sport c’est
sans doute parce qu’elles ne lui renvoient pas une image du corps féminin apte
à déclencher chez lui le fantasme. Si avoir une jolie plastique en sport ne
gâche rien et, ne nous leurrons pas, aide à trouver des sponsors, l’aspect du
physique est bien au coeur du débat mais pas de la façon dont ce monsieur a pu
le croire.
Oui le physique est au coeur du sport mais parce qu’une femme ou un
homme qui pratique un sport le modèle de façon à être efficace et performant dans
une discipline en particulier. Au delà de la pure logique d’efficacité, une patineuse
artistique peut sembler plus harmonieuse qu’une haltérophile mais c’est une
question de point de vue.
On pourrait aussi trouver à l’inverse qu’un rugbyman ou
footballeur est plus agréable à regarder qu’un cycliste sur piste aux cuisses
surdimensionnées. C’est aussi une question de point de vue mais rarement
évoquée, on évalue en général d’abord la performance chez un sportif masculin
avant de juger sa plastique, exception faite peut-être des yeux de Camille
Lacourt.
Le fond du problème se situe ici : associer la
performance au corps féminin reste encore tabou dans nos sociétés. De ce fait, les femmes sont condamnées à ajouter un peu d’esthétique à l’affaire pour
apporter un côté glamour nécessaire à la médiatisation mais aussi et surtout
d’abord parce que la société aura toujours le soupçon qu’elles sont plus « garçon
manqué » que « vraies » femmes si elles pratiquent un sport de
haut niveau.
Mieux vaut s'aérer la tête que ruminer les imbécilités de certains... |
Qu’il s’agisse des courses, des prix et primes ou de la
médiatisation, femmes et hommes sont encore loin d’être jugés sur un pied
d’égalité dans le cyclisme. A son petit niveau, Bikellissima tente donc de
faire avancer la cause féminine en vélo et au lieu de ruminer en pensant aux
commentaires stupides que certains n’ont aucun scrupule à mettre sur internet,
j’ai préféré profiter ce samedi de la douceur printanière revenue pour
commencer vraiment mon entrainement.
Rien de très exceptionnel, une cinquantaine de kilomètres et
environ 500 mètres de dénivelé mais suffisamment pour décrasser la machine et
me donner envie d’atteindre mon lointain objectif de juillet, l’Etape du Tour.
La route est encore longue mais en tout cas aujourd’hui, sur ma fière monture,
le visage au vent avec la nature qui s’éveille, j’ai ressenti cet incroyable
sentiment de liberté qui m’a fait me mettre au vélo il y a près de deux ans. Le
sport, c’est aussi cela : mieux ressentir son corps pour se sentir plus
libre dans sa tête et ce sentiment personne ne l’enlèvera à celles mais aussi à
ceux qui trouvent dans le cyclisme et le sport en général le moyen de
s’échapper d’un quotidien parfois hostile.
Bonus cycliste : Si en cyclisme, raison biologique
oblige, hommes et femmes ne seront jamais à égalité au niveau des performances,
ils sont égaux face aux éléments et méritent donc l’égalité de traitement. La
preuve, en cyclisme, les hommes s’imposent la même contrainte que des millions
de femmes : ils s’épilent !
Bikellissima vous embrasse tout de rose vêtue et vous dit à
très vite !
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