mardi 5 février 2013

Levons le voile sur le cyclisme féminin


Profitions d’une semaine qui a été riche en événements dans le cyclisme féminin pour lever le voile sur les difficultés que connaît ce monde parallèle mais bien lointain du cyclisme masculin.


Ce week-end a été marqué par le nouveau sacre au championnat du monde de cyclo-cross à Louisville de Mariane Vos.
La Néerlandaise est une ambassadrice du cyclisme féminin à plus d’un titre. Plus qu’une femme cycliste, c’est une cycliste tout court hors pair puisque c’est la seule représentante de ce sport a cumuler des titres mondiaux en route, cyclocross et piste.
Elle profite régulièrement de sa notoriété, qui reste à mon goût trop circonscrite à l’univers des connaisseurs du vélo, pour promouvoir le cyclisme au féminin. Une de ses grandes batailles : faire en sorte qu'il y ait plus de grands tours cyclistes ouverts aux femmes pour enfin leur offrir plus de visibilité. Sur ce point, on ne peut que la rejoindre.
Elle s’est exprimée l’année dernière alors que le Giro version femme, le Giro Donne était menacé (il a été sauvé in extremis cette année). C’est pourtant le plus grand tour féminin qui existe à l’heure actuelle et il est apprécié des spectateurs qui prouvent en Italie que le cyclisme féminin peut aussi être médiatisé et surtout médiatique.

Tandis que de grands tours féminins, déjà rares sur la scène internationale, sont menacés ou disparaissent à l’image du Tour de Nouvelle –Zélande, faute de moyens, un tour lui prend de l’ampleur : le tour féminin du Qatar.

Allez, je sens déjà venir les critiques : alors que le Qatar est soupçonné d’avoir payé pour obtenir la coupe du monde de football en 2022, certains  pourraient être tentés de me dire qu’il est mal venu de parler de ce pays comme un ambassadeur du sport.
Je ne rentrerai pas dans ce débat, ma seule réflexion sera : le Qatar a de l’argent, la Fifa est un organe sportif qui se veut  au-dessus de tout soupçon : qui est le vrai fautif, celui qui paye ou celui qui accepte d’être payé. Entre lobbying réussi mais poussif et corruption inavouée, le débat reste ouvert.

Cette semaine, Bikellissima lève le voile mais garde son cache-nez car s'entraîner en février à Luxembourg, c'est un peu comme faire du home-trainer dans un frigo...
En tant que journaliste, je suis depuis plusieurs années déjà, le dossier « Qatar » car le pays ne fait pas qu’investir massivement en France, il l’a aussi fait au Luxembourg. Ce pays suit une stratégie économique de long terme, qui est que l'on apprécie ou pas, très intelligente et est l'inverse du bling-bling court-termisme dont Dubaï a pu user.

Et il se trouve que notamment pour mieux se  faire connaître et attirer la sympathie, le Qatar a choisi le sport pour se construire une image de marque. La famille royale Al-Thani  est également férue de sport.
Ainsi, si le tour de cyclisme masculin du Qatar est désormais devenu un classique de début de saison,  peu de gens savent aujourd’hui que le pays  a décidé de créer il y a cinq ans, un tour de cyclisme féminin.

Sport, femmes, Qatar, une fois de plus pour certains, ces mots ne vont pas ensemble et pourtant, l’épouse du souverain du pays, la Sheikha Mozah s’implique personnellement pour améliorer le droit des femmes dans son pays. Elle a notamment choisi la voie du sport pour le faire et a le soutien tout entier du pays. Le Ladies tour of Qatar, dont la cinquième édition a eu lieu la semaine dernière, est donc devenu une épreuve classique du calendrier féminin.
Avant la coupe du monde de football en 2022 (si jamais elle est maintenue), le Qatar accueillera les championnats du monde de cyclisme en 2016 et les femmes seront présentes. 
Alors le Qatar a-t-il tort de dépenser son argent dans le sport ?
Là n'est pas vraiment la question, mais quand on voit qu’un certain nombre de courses féminines sont annulées faute de moyens, on ne peut que se féliciter que certains pays aient encore les moyens justement de donner des fenêtres médiatiques aux femmes qui font du vélo et si cela permet en plus au Qatar de faire avancer la cause de la femme en permettant à certains habitants du pays de changer leur regard sur les femmes, l’argent est dans ce cas, à mon avis, bien utilisé. Cela ne signifie pas pour autant que j’approuve toutes la stratégie économique et le projet de société qatarien dans son ensemble. 
L'argent ne peut pas tout acheter et cela reste vrai même si les Grecs pensent avoir trouvé un chevalier blanc avec le Qatar qui vient récemment d'investir chez eux.
Mais il faut toutefois ouvrir les yeux, l'argent est aussi nécessaire dans le sport et le manque de moyens ou de volonté de mettre les moyens est le problème majeur du cyclisme féminin. 

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