mercredi 3 avril 2013

Le vent dans la face, Sagan aux fesses et objectif Liège !




Après une semaine passée en haute altitude, Bikellissima is back !

J’ai profité de mon gain éphémère en globules rouges pour aller taquiner les routes vallonnées de ma Bourgogne natale. Mon week-end de Pâques a donc été l’occasion de sillonner les routes entre Beaune et Gevrey-Chambertin en passant par les Hautes-Côtes. Et je dois dire que l’altitude et le snowboard à haute dose chaque jour m’ont été plus que bénéfiques : j’ai ainsi avalé deux jours de suite et à chaque fois environ 55km, jusque-là rien de très spectaculaire, mais avec à chaque fois 900 mètres de dénivelé entre vignes,  Hautes-Côtes et combes de l’arrière pays nuiton. Pour ceux qui ne me croient pas,  performances à l’appui sur Strava !

Ce que je n’avais pas prévu en revanche en cette fin mars-début avril était de devoir composer avec des températures très fraiches et un vent glacial. En avril, ne te découvre pas d’un fil, est-il coutume de dire, oui mais quand-même !

Seule, de bon matin et sans protection face au vent, j’ai véritablement pris la mesure des conseils de mes amis cyclistes, qui me répètent qu’il vaut parfois mieux faire l’effort pour aller raccrocher un wagon de cyclistes pour se mettre à l’abri que d’affronter le vent de face seule et sans protection. Parce qu’avec mes 45 kilos et mon vélo trimballé un coup à gauche, un coup à droite par un vent tournant, je me suis sentie collée à la route  vulnérable et j’ai compris ce qui a bien pu arriver à Andy Schleck il y a près d’un an au Dauphiné, lorsqu’une rafale l’a envoyé valser comme une simple feuille dans le fossé.

Je me suis alors surprise à prier la nature, le destin, le dieu du vélo s’il existe, enfin tout et n’importe quoi en somme pour qu’un cycliste jaillisse derrière moi et me protège du vent.
Les dieux m’ont entendu quand au plus dur de l’effort (pas en montée, j’aime ça mais  sur un faux plat montant, tout ce que je déteste) un cycliste de 80 kilos tout en muscles m’a soudain dépassée. J’ai alors tout tenté –si si je vous assure- pour m’accrocher derrière lui sans y parvenir et le désespoir m’a presque gagnée quand il m’a pris, presque sans effort et rapidement, plusieurs centaines de mètres.  Là, la seule chose ou presque qui m’a fait tenir a été de penser à une de mes idoles sur roues. La veille, Fabian Cancellara a terminé de manière héroïque le tour des Flandres seul, face au vent et à plus de 50 km/h. Quelle performance, Spartacus est bien de retour !

Et j’ai aussi compris autre chose pendant ces deux jours d’équipées solitaires. Nous, les femmes, sommes, paraît-il, multitâches, et il semblerait que nous pouvons penser et faire mille choses à la fois. Cela peut être très utile dans certaines circonstances mais dans d’autres cela peut aussi être fatal. Cette faculté nous donne en effet  la possibilité d’anticiper. Mais en vélo, quand vous êtes seule face au vent, que vous avez froid alors que vous avez à peine couvert 20 km, si vous commencez à anticiper à penser aux difficultés à venir, il est plus que certain que vous abandonnerez et que vous appellerez à la maison pour que votre voiture balai familiale vienne vous chercher.

C’est à peu près la même chose en snowboard : lorsque vous voulez par exemple prendre une bosse un peu pêchue, si vous pensez à la chute possible, vous ne vous lancerez jamais ou alors vous le ferez avec tellement d’hésitation que la chute sera bien au rendez-vous.
Pensant à ce que Fabian avait dû endurer mais aussi à la détermination et la motivation ultime qui devaient l’habiter pour revenir au plus haut niveau, j’ai donc laissé de côté mon cerveau féminin et ai décidé d’affronter chaque difficulté l’une après l’autre, sans anticiper sur la prochaine et en appréciant la joie d’être seule et en pleine nature, un moment propice  pour faire le point sur soi.

Au fil de la route des Grands Crus, on pourrait avoir envie de remplir son bidon d'un fin nectar  mais le paysage a déjà le don d'adoucir  l'effort...



Ce changement d’attitude m’a permis d’atteindre mes objectifs mais aussi d’oser attraper le bas du guidon et me mettre en vraie position de descendeuse et enfin atteindre les plus de 50 km/h en descente. Quand vous faite 45kg, c’est un exploit lorsque la pente est à moins de 20% !

Je ne suis pas peu fière, pourtant je me dis qu’il y a encore beaucoup de travail avant d’être prête pour l’Etape du Tour. Mais chaque chose en son temps, ce sera désormais ma nouvelle façon de penser à vélo. L’objectif du moment est pour dans moins de trois semaines : il s’agit de Liège-Bastogne-Liège dans sa version courte soit environ 80 km et 1200 mètres de dénivelé. Je dois encore travailler, c’est certain, mais les dernières sorties ont confirmé que je serai prête au moins pour cet objectif.

Comme quoi, il est bon de savoir de temps à autre emprunter à mes homologues masculins leur façon de penser.

Pour autant, si un jour je parviens à monter sur un podium, je ne mettrai pas la main au «paquet» de l’officiel qui me remettra un bouquet de fleurs pour célébrer l’événement. Je fais évidemment référence à l’attitude stupide de Peter Sagan sur le podium du Tour des Flandres.

Certains d’entre vous me diront que, peut-être, je dénigre Sagan parce que je suis fan de Cancellara, qui lui-même ne porte pas le Slovaque dans son cœur. C’est sans doute un peu vrai mais ce n’est pas le sujet.

Voyons à part à votre épouse/copine (et encore !), pour faire une simple petite blague, oseriez-vous messieurs vraiment mettre la main aux fesses de la première collègue qui passe à côté de vous ? Sûrement pas ! C’est pourtant l’excuse débile qu’a trouvé Peter Sagan. Mais que s’est-il passé dans la tête du Slovaque pour en arriver à faire un geste qui le déshonore autant que la jeune femme qu’il a touchée sur un podium cycliste international? Je n’ai pas trouvé la réponse à cette question, c’est sans doute pourquoi il m’a fallu plusieurs jours pour tenter de digérer le geste.

Il n’est aujourd’hui toujours pas digéré, ni excusé. Il n’est pas non plus ici question de stigmatiser le comportement masculin. Certaines féministes acharnées seraient tentées de dire que c’est la preuve que le cerveau masculin est situé bien bas. C’est un peu trop facile comme il est faux dans l’absolu de dire que toutes les femmes  savent faire dix choses en même temps mais n’ont, par exemple, pas le sens de l’orientation. Pour ma part, je gamberge à propos de mille choses, mais je ne suis pas une vraie machine multitâches et donnez-moi une carte, je vous emmène au bout du monde sur le bon chemin et sans GPS!

Il y a des imbéciles partout, autant sans doute chez les hommes que chez les femmes et c’est par leur faute que les préjugés ont la vie dure. Le portail internet britannique dédié aux cyclisme féminin Total Women’s Cycling a d’ailleurs noté plus grave que le geste de Sagan : les commentaires l’encourageant dans sa performance mal placée qui ont suivi sur le blog du Slovaque.

Lorsqu’un personnage  devient médiatique, il doit particulièrement adopter un comportement décent parce qu’il est susceptible d’inspirer d’autres personnes.

Il me faut également ajouter à ce stade que Sagan, avec son geste ridicule, a fait du tort aux cyclisme féminin : la plupart des médias n’ont parlé que de son geste, éclipsant un peu la performance de Cancellara mais surtout totalement celle de Marianne Vos, qui elle aussi a remporté avec panache le Tour des Flandres et ce pour la première fois.

Bikellissima a encore du travail avant de parvenir à faire changer, ne serait-ce qu’un tout petit peu, les choses. Je profite d’ailleurs de ce post pour remercier d’ores et déjà les quelques fidèles lecteurs du blog à qui je promets de ne rien lâcher !

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